top of page

Succession de Johnny Hallyday. Tout était écrit.

Le 6 décembre 2017, Johnny Hallyday décède. L’évènement fait la « une » de tous les médias pendant plusieurs jours, jusqu’à l’overdose. Beaucoup s’attendaient à cette issue fatale depuis ce jour de la fin mars 2017 où le public a appris qu’il avait un cancer des poumons.

« Noir c’est noir »

Dès 1966, Johnny avait chanté « Noir c’est noir », anticipant sur la victoire de la maladie :


Noir c'est noir Il n'y a plus d'espoir Oui, gris c'est gris Et c'est fini, oh, oh, oh, oh Ça me rend fou


Un deuxième coup de tonnerre va ébranler la France au moment de l’ouverture du testament. « L’idole des jeunes » a déshérité ses deux premiers enfants – David et Laura – et fait de son épouse Laeticia et, par voie de conséquence, ses deux dernières filles mineures – Joy et Jade – ses uniques héritières.


Coup de tonnerre car de nombreux fans ne comprennent pas l’attitude de leur idole. Mais cette dernière n’avait-elle chanté en 1965 « On te montrera du doigt » ?


On te montrera du doigt, ouais On te montrera du doigt, ouais On te montrera du doigt Ça finira mal

[…] Tu te venges sur le monde entier En te moquant des lois Oui, méfie-toi On te montrera du doigt, ouais On te montrera du doigt, ouais On te montrera du doigt Ça finira mal


Les enfants lésés n’entendent pas se laisser dépouiller sans réagir. Ils ont donc saisi la justice, en référé, pour geler les avoirs de leur père et disposer d’un droit de regard sur son dernier album en préparation. Les exclure de l’héritage matériel et artistique, n’est-ce pas, de la part de Johnny, signifier à ses enfants qu’ils sont les « Fils de personne » comme il le chantait en 1971 ?


Y en a qui naissent avec dans leur berceau Les milliards de leur père On leur apprend que tout peut s'acheter Les affaires, oui, sont les affaires Mais pas moi Non, pas moi Je ne suis pas né milliardaire Mais pas moi Non, pas moi Je suis le fils de personne

Le tribunal de grande instance (TGI) s’est prononcé le 13 avril 2018 en coupant, en quelque sorte, la poire en deux. En effet, le droit de regard sur l’album posthume n’a pas été accordé aux aînés. En revanche, les propriétés immobilières françaises – à Marne-la-Coquette et Saint-Barthélemy – ont été provisoirement gelées : Laeticia ne peut pas les vendre tant que la justice ne se sera pas prononcée sur la légalité de la succession. Il en est de même, les droits d’auteur et d’interprétation. En revanche, les propriétés américaines du chanteur ne sont pas concernées. Et Laeticia peut continuer de disposer des comptes bancaires en France et ailleurs dans le monde comme elle le souhaite.


À cette occasion, nous avons pu découvrir que Johnny Hallyday avait placé certains de ses avoirs (comme ses deux propriétés américaines de Santa Monica et Los Angeles) dans un trust de droit californien. Et qu’il avait rédigé son dernier testament (le 6ème) dans le même état américain. On a également découvert qu’il était président d’une société – Born Rocker Music Inc. – en Californie (et son épouse en est la secrétaire générale) qui a reçu de Warner Music une avance sur l’album posthume. On a aussi appris qu’il détenait deux autres sociétés au Luxembourg et en Suisse, avec des ramifications au Liberia, aux Iles Vierges britanniques et en Uruguay. Il a été révélé que Laeticia avait son propre trust et un patrimoine immobilier en propre comme 50 % de la maison de Saint-Barth. En revanche, la maison de Marne-la-Coquette appartenait à 99,9 % à Johnny via une SCI (le reste étant détenu par une de ses filles mineures et par son épouse).


« Signes extérieurs de richesse »

Tout cela ne serait-il donc qu’une simple histoire de « Signes extérieurs de richesse », comme l’interprétait Johnny en 1983 ?


Signes extérieurs de richesse Signes extérieurs de santé C'est pas prudent dans le contexte Oui, de la socio-société C'est ma famille, elle est nombreuse Et elle est plus suspecte encore La majorité silencieuse Depuis que le silence est d'or

Quoi qu’il en soit, tous les ingrédients pour un imbroglio juridique sont là. Une bataille judicaire de plusieurs années vient de commencer. Appels, pourvoi en cassation, conflits entre tribunaux français et américains seront au menu.


Pour les partisans de David et Laura, l’affaire est simple : la loi française interdit de déshériter ses enfants. Ceux-ci doivent tous recevoir la même part de l’héritage. Pour les défenseurs de l’autre camp, c’est la loi californienne qui doit s’appliquer et Johnny avait ainsi le droit d’exclure certains de ses enfants de sa succession.


Les avocats des parties fourbissent leurs armes et préparent leurs arguments juridiques. La justice aura à trancher sur une question essentielle : où résidait Johnny Hallyday ? En France ou aux États-Unis ?


Johnny a chanté, en 1972, « Tu peux partir si tu le veux » :


Ce n'est pas la peine de se déchirer De se battre et de se pardonner Comme à chaque fois, On se fait du mal pour rien et puis On se recherche ou bien on se fuit, mais, Tu peux partir si tu le veux

Mais je te suivrai Oui je te suivrai


Mais, avant cela, en 1965, il avait entonné « Reviens donc chez nous » :


Bien sûr, j'ai ris Mais je sais,

Je sais le mal que ton départ m'a fait Oh ! Reviens-moi avec ton amour Ah, reviens donc chez nous.


Si le chanteur a passé au moins 183 jours dans l’année 2017 sur le sol français, le tribunal pourrait considérer que la loi française doit s’appliquer. Dans ce cas, le grand gagnant dans cette affaire sera l’État français qui prendra 45 % de la succession.

« Ne tuez pas la liberté »

Les Français sont, dans leur très grande majorité, attachés au Code civil de 1804 qui a aboli le droit d’aînesse et a établi l’égalité de traitement entre les enfants au moment de la succession en faisant de ceux-ci des héritiers réservataires. Mais les Français aimeraient aussi parfois déshériter un de leurs enfants avec lequel ils sont fâchés ou qu’ils estiment insuffisamment méritant.


Johnny Hallyday pensait, lui, que ses aînés avaient déjà assez reçu de sa part et qu’ils étaient bien installés dans la vie. Il a préféré privilégier ses deux dernières filles mineures. Son message n’est-il pas « Ne tuez pas la liberté », chanté en 1984 ?


Il y a cent mille façons de tuer la liberté On commence par enfermer les enfants dans des placards Et on finit par verrouiller des peuples et des territoires Ne tuez pas Ne tuez pas Ne tuez pas la liberté

[…] La liberté pour moi C'est l'air que je respire C'est la terre, c'est le ciel C'est le cri des oiseaux C'est vivre dans la rue Traverser les frontières Dire non quand j'ai envie Dire oui quand je le veux.

Derrière l’exclusion de deux des enfants de Johnny de la succession, n’y a-t-il pas aussi la volonté d’extraire les biens à l’avidité du fisc français ? On ne peut pas en vouloir à Johnny sur ce point. Ce qui est sûr, c’est que sa disparition lui évite toute condamnation personnelle. Ce qu’il craignait par-dessus tout comme il nous l’a dit dès 1964 :

Les portes du pénitencier Bientôt vont se fermer Et c'est là que je finirai ma vie Comme d'autres gars l'ont finie.

Mots-clés :

À l'affiche
Posts récents
Par tags
Me suivre
  • Google+ Long Shadow
  • Facebook Long Shadow
  • LinkedIn Long Shadow
  • Twitter Long Shadow
bottom of page