Le Sapeur Camember est en pleine forme !
En cette année bissextile, le 29 février, comme il le fait depuis 36 ans, le sapeur a allumé sa bougie. Vous avez compris que j’évoque le célèbre « quotidien » qui ne paraît que tous les quatre ans, La Bougie du Sapeur, dont le numéro 10 était dans les kiosques il y a quelques semaines.
Le journal satirique a consacré ses articles à l’actualité des quatre dernières années. Parmi les sujets de la « Une », l’environnement et, en particulier, les embouteillages générés par la Cop 21. Un sujet en or pour le journal qui se fait fort de mettre le doigt sur les incohérences et incongruités dont est fait notre quotidien.
Au fait, savez-vous que le nom du journal vient du célèbre Sapeur Camenber, personnage de bande-dessinée de la fin du XIXème siècle, imaginé par le dessinateur Christophe, et qui était né un 29 février. Un peu simplet, illettré, le Sapeur Camember se distingue par des agissements souvent absurdes. Une de ses actions les plus célèbres consiste à creuser un trou pour y mettre la terre d’un autre trou. Heureusement, il a un chef, le sergent Bitur qui remarque immédiatement que le deuxième trou n’est pas assez grand pour qu’on y mette sa terre et celle du premier trou. Le pauvre Camember se fait alors traiter de « double mulet cornu ». Ce qui, soit dit en passant, nous révèle que même les moins futés avaient alors quelques lettres.
Censé être né il y a 172 ans, en 1844, le Sapeur Camember ne soufflant ses bougies d’anniversaire que tous les quatre ans, n’a donc que 43 ans. Autant dire qu’il est dans la force de l’âge.
Mais il y a belle lurette qu’il a quitté son régiment de génie (sic !) pour rejoindre les plus hautes sphères de l’État. La place nous manque ici pour narrer dans le détail ses nombreuses actions.
À propos d’environnement, arrêtons-nous tout de même sur son combat en faveur d’un monde plus sain, exempt de pollution et de gaspillage.
Je veux parler de la loi sur la transition énergétique qui qualifie l’obsolescence programmée et punit les entreprises fautives notamment de 300 000 euros d’amende. Pour le législateur français, l’obsolescence programmée est une technique permettant de réduire volontairement la durée de vie d’un produit et inciter ainsi le consommateur à acheter davantage. Pour lutter contre cette « technique », il a donc prévu que, à compter du 1er mars 2015, les fabricants de télévisions, lave-linges et autres appareils d’électroménager doivent indiquer la durée de vie des produits et la durée pendant laquelle les pièces détachées resteront disponibles.
À l’occasion de l’anniversaire de cette disposition, la presse est revenue sur le sujet pour faire le constat que la loi n’était pas correctement appliquée. Et bien sûr, nombre de commentateurs, à l’instar de l’UFC-Que Choisir, demandaient à ce que cette obligation légale soit davantage encadrée « pour garantir une information pertinente des consommateurs afin que la durabilité des produits devienne un élément de choix au moment de l’achat ».
À peu près au même moment, le 30 mars 2015, un décret créait la prime à la conversion. De quoi s’agit-il ? D’une prime pouvant aller jusqu’à 3 700 euros pour la mise au rebut d’un véhicule diesel immatriculé avant le 1er janvier 2006 et l’achat d’un nouveau véhicule. Une prime qui peut se cumuler avec le bonus écologique. L’aide totale, en cas d’acquisition d’un véhicule électrique, peut alors atteindre 10 000 euros.
Ainsi, si vous avez un véhicule diesel de plus de dix ans, qui roule parfaitement, plutôt que le revendre ou même le donner à des personnes dans le besoin, à des jeunes désargentés, l’État vous encourage à le détruire.
Bref, ce qui est bon pour votre voiture ne l’est pas pour votre cafetière, ni pour votre lave-linge. Comment ne pas imaginer que le Sapeur Camember ne soit pas derrière tout cela ?
C’est bien à un véritable travail de sape auquel nous assistons quotidiennement contre l’intelligence, le bon sens et la liberté des Français.