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El líder mínimo

François Hollande s’est rendu à Cuba les 10 et 11 mai 2015. Son programme était chargé : rencontre avec le cardinal Ortega à qui il a remis la Légion d’Honneur ; rencontre avec des étudiants à l’université de La Havane ; inauguration du nouvel établissement de l’Alliance française, le Palacio Gomez ; participation à un forum économique ; réception de la communauté française ; entretien avec le président Raul Castro, puis dîner officiel au Palais de la Révolution.

Quand Hollande se réjouit de rencontrer Fidel Castro

Mais ce qui a vraiment compté pour le président français, c’est sa rencontre avec Fidel Castro, el líder maximo. Le Président français a, paraît-il, fait des pieds et des mains pour que la rencontre ait lieu. Il était capital, pour celui qui est déjà en campagne électorale en vue de l’élection présidentielle de 2017, de s’afficher aux côtés d’une « icône » de la gauche.

« Le dernier grand personnage du XXème siècle »

Nous avons tous vu les photos et les vidéos montrant un François Hollande tout sourire aux côtés d’un vieillard en survêtement Adidas. Le président français s’est déclaré « surpris au meilleur sens du terme » par la clairvoyance du dictateur. Il a ensuite expliqué : « J’avais devant moi un homme qui a fait l’Histoire », ou encore « Fidel Castro, c’est l’histoire de Cuba, c’est l’histoire du monde ». Le député communiste André Chassaigne qui était du voyage en qualité de président du groupe d’amitié France-Cuba n’a pas dit autre chose : « On peut dire ce qu’on veut mais Fidel Castro est le dernier grand personnage du XXème siècle ». Quant à Ségolène Royal, elle aussi dans la suite présidentielle, elle était fière de déclarer à la communauté française : « J’ai déjeuné à côté de Fidel Castro », et « Tout ça a une dimension historique, plus que politique. C’est un peu mythique ».

Bref, la délégation française était sous le charme. Bien entendu, on a ensuite tenté de minimiser les premiers élans. François Hollande a concédé qu’il y avait « forcément un débat sur les responsabilités ». « Il a été regardé en France avec ferveur mais aussi avec critique », a-t-il complété en petit comité. Mais c’est aussitôt pour ajouter : «Une fois qu’on a dit ça, on ne peut pas lui dire : vous allez passer devant le tribunal de l’Histoire ». Et pourquoi pas ?

Certes la politique, et la politique étrangère tout particulièrement, implique parfois (souvent ?) de mettre les bons sentiments et la morale de côté. François Hollande, en se rendant à Cuba, devait serrer la main et discuter avec l’actuel président Raul Castro. Mais rencontrer Fidel Castro, aujourd’hui retiré des affaires, était dispensable.

Tout comme était dispensable son commentaire à l’issue de son entrevue avec Abdelaziz Bouteflika le 15 juin 2015. François Hollande a, en effet, déclaré que le président algérien jouissait d’une « grande maîtrise intellectuelle », qu’il est « rare de rencontrer un chef d’État qui a[it] cette alacrité, cette capacité de jugement », et aussi que Bouteflika « a toutes les capacités, et il l’a montré, pour apporter sa sagesse et son jugement pour régler les crises du monde ». Vanter la « sagesse » de Bouteflika, il faut quand même oser.

Pourtant, l’actualité récente a montré que l’on savait parfois être ferme. Ainsi François Hollande a-t-il décidé de ne pas livrer les frégates Mistral commandées par la Russie pour la « punir » de son rôle dans le conflit ukrainien.

Il faut dire qu’il des régimes fréquentables et d’autres qui ne le sont pas. La Russie de Vladimir Poutine n’est pas considérée comme fréquentable, car plutôt « nationaliste » et donc assimilée à la droite.

Il en va, bien entendu, tout autrement de l’ancien dictateur cubain qui, se réclamant du communisme, se trouve dans le « bon camp ».

« Oui, j’embrasse Fidel Castro »

Danielle Mitterrand, on s’en souvient, était une fervente admiratrice de Fidel Castro. Elle s’est rendue à de nombreuses reprises dans l’île pour « admirer » les réalisations du régime. En mars 1995, alors que son époux recevait le dictateur cubain, Danielle Mitterrand se hissa sur la pointe des pieds jusqu’au visage du barbu, et l’embrassa devant les télévisions du monde entier. Un geste revendiqué : « Oui, j’embrasse Fidel Castro » écrira-t-elle dans ses mémoires. Et dans un entretien avec Daniel Schneidermann dans Le Monde, elle osa dire : « Il y a des prisonniers à Cuba. Politiques ? Je ne sais pas ». Nous pourrions multiplier les citations. Contentons-nous d’une dernière, issue d’une interview donnée à Hernando Calvo Ospina, journaliste colombien réfugié en France, admirateur lui aussi du régime castriste : « Chavez, au milieu de tous les obstacles que mettent sur son chemin les États-Unis et l’opposition dirigée par les riches, tente de faire avancer les programmes sociaux qu’il a offerts au peuple. […] Que ce peuple, avec son leader, marche de l’avant pour ne plus être exploité, ni être analphabète et avoir droit à la santé. C’est ce qui se passe au Venezuela malgré tout. A cause de cela ils veulent éliminer, effacer Chavez. […] Il existe une espèce de rage de la grande majorité de la presse mondiale contre Cuba et le Venezuela. Et c’est parce que ces gouvernements veulent être indépendants, souverains, dignes. Cela dérange. N’oubliez pas que les médias sont dirigés par de puissants capitalistes ».

Quoi qu’ils s’en défendent, les socialistes français restent fascinés par le communisme. C’est pourquoi, leurs alliances électorales avec le Parti communiste sont toujours reconduites, bon an mal an.

Dans la « charte pour le progrès humain » que le Parti socialiste (PS) a adopté le 18 novembre 2014, on peut lire à la page 10 que « depuis la chute du Mur de Berlin, la représentation de la société désirable, alternative à l’ordre existant […] s’en trouve diluée, quand elle n’a pas disparu. Cette éclipse du ‘but final’ provoque une crise de sens pour les citoyens et frappe à la source l’énergie militante ».

Vous avez bien lu, comme moi, que « la société désirable » était celle qui se trouvait derrière le rideau de fer avant 1989. On pleure « le grand soir », mais on n’en oublie pas pour autant « le but final ».

On comprend mieux alors pourquoi le gouvernement socialiste s’échine à réglementer à tout va, à niveler par le bas, à contraindre la parole, à faire croire que tout est gratuit pour le bien du peuple, à spolier ceux qui réussissent… Ce n’est pas un gouvernement qui fait n’importe quoi, qui gouverne à la petite semaine. Non, il a un but bien précis et il y va sans faillir, derrière son líder mínimo.

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