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Les méfaits des frères Kouachi

Il ne s’agit pas ici de revenir directement sur les meurtres odieux qui ont été commis en ce début d’année 2015 à Paris. Tout – trop ? – a déjà été dit, et parfois son contraire. Néanmoins, pour éviter tout malentendu, précisons que nous condamnons sans réserve ces assassinats. Quoi qu’aient pu écrire, dessiner ou faire les journalistes de Charlie Hebdo, aucun ne méritait de mourir pour cela le 7 janvier. De même, ni l’agent de maintenance, ni la policière de Montrouge, ni les Français qui faisaient leurs courses dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, dont le seul crime était d’exister, ne méritaient de succomber sous les balles de fanatiques.

La liberté d'expression plus que jamais en danger

Cependant, trois mois après les faits, il ne me semble pas inutile d’y jeter un nouveau regard afin de tenter d’en percevoir les conséquences non visibles immédiatement, englués que nous étions tous dans le prêchi-prêcha médiatico-politique.

À ce jour, je vois cinq conséquences néfastes aux événements qui se sont déroulés du 7 au 11 janvier 2015.

Première conséquence, la plus anodine et la plus éphémère : la remontée de François Hollande dans les sondages. En effet, selon le baromètre Ifop-Fiducial pour Paris-Match et Sud Radio publié le 19 janvier 2015, le Président de la République grimpait de 21 points. Frédéric Dabi de l’Ifop a indiqué que son institut, pourtant doyen des instituts français de sondage, n’avait jamais enregistré une progression aussi forte. Éphémère, en effet, puisqu’un mois plus tard, François Hollande chutait de 6 points pour s’établir à 34 % d’opinions favorables. Un score qui demeure néanmoins très élevé par rapport au chiffre de décembre 2014 (19 %). L’humoriste Nicolas Canteloup, quand il imite le Président de la République, présente celui-ci comme « le sauveur du monde libre ». C’est bien sur ce registre que François Hollande entend désormais communiquer. Après avoir sauvé la France du terrorisme, il en train de libérer l’Afrique et le Moyen-Orient de l’islamisme, d’apporter la paix en Ukraine, de lutter contre le réchauffement climatique (avec l’aide de Marion Cotillard et Mélanie Laurent), etc. À Manuel Valls, les déficits et le chômage. À François Hollande, les sujets qui rassemblent. La campagne pour l’élection présidentielle a déjà débuté.

Deuxième conséquence : Charlie Hebdo continue de paraître. Le journal était très mal en point. La vulgarité et l’obscénité de ses dessins avaient fini par lasser. Les abonnés et les lecteurs étaient en nombre insuffisant. Mais voilà que, par la grâce des frères Kouachi, les millions se sont mis à pleuvoir sur le journal. On a parlé de 10 millions d’euros. Air France, par exemple, a acheté 20 000 exemplaires pour ses passagers. Les abonnements ont grimpé de plus de 110 000. Ah, si les frères Kouachi avaient davantage étudié l’économie ! Ils auraient laissé le marché faire son œuvre, et aujourd’hui nous serions débarrassés de cet infâme « torchon ».

Troisième conséquence : le bourrage de crâne va s’intensifier. L’école est la première concernée. Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé que « 1 000 formateurs aguerris seront formés sur la laïcité et l’enseignement moral et civique avant la prochaine rentrée scolaire. » Le pire est à craindre. Car il s’agira, a dit François Hollande, de lutter « contre le racisme, contre l’antisémitisme, contre les préjugés, contre toutes les formes de discrimination ». En fait de « formateurs aguerris », il s’agira probablement de militants de gauche délivrant la « bonne parole » et cherchant à annihiler toute pensée indépendante et toute réflexion.

Quatrième conséquence : la liberté d’expression va encore être restreinte. Le 11 janvier, on a fait descendre les Français dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Mais, depuis, le gouvernement s’échine à la restreindre. Tout d’abord, il y a la surveillance de l’Internet. À n’en pas douter, tous les propos jugés haineux, douteux voire imbéciles, mais n’entrant pas dans le spectre du politiquement correct, seront traqués. Certains, notamment à l’UMP, ont réclamé un Patriot Act à la française, oubliant les restrictions de libertés qu’a amenées cette loi aux États-Unis. De même, sous couvert de lutter contre les amalgames, il devient difficile de parler de l’islam. Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) a récemment affirmé que les actes antisémites étaient aujourd’hui commis par des musulmans, sans pour autant prétendre que tous les musulmans étaient antisémites. Il a aussi dit que ce n’était pas le Front national qui commettait aujourd’hui des actes violents contre les juifs et que Marine Le Pen était juridiquement irréprochable à ce sujet. Quel tollé ! Les représentants de tous les côtés de l’échiquier politique se sont émus de tels propos, certains appelant au boycott du dîner annuel du Crif. Que se serait-il passé si ces propos avaient été tenus par une personnalité autre que Roger Cukierman ? Il faut dire que le président du Crif a enfreint deux tabous. Il s’est attaqué aux musulmans dans lesquels la gauche place tous ses espoirs électoraux et il n’a pas condamné le FN, parti « antirépublicain », c’est-à-dire ne devant pas exister. C’est ainsi que la liberté d’expression s’éteint. Le Miniver (ministère de la Vérité) d’Orwell n’est plus très loin.

Cinquième et dernière conséquence : des milliers de morts. Vous avez entendu ou lu, comme moi, que les victimes de la grippe étaient très nombreuses cette année. À côté des morts directs – une centaine recensée fin février – il faut ajouter les morts indirects, difficilement évaluables. Le docteur Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste et coordinateur de l'unité des maladies à prévention vaccinale à l'Institut national de veille sanitaire, expliquait dans Le Figaro du 26 février 2015, que la grippe affaiblit les personnes déjà fragiles qui peuvent alors succomber à d’autres pathologies. L’an dernier, le nombre de morts – directs et indirects – de la grippe a été estimé à 9 000 personnes. Cette année, le chiffre serait beaucoup plus élevé. Les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles, mais plusieurs milliers de morts supplémentaires seraient à comptabiliser.

Mais ne sommes-nous pas là devant un mensonge d’État, tel que celui qui affirmait que le nuage de Tchernobyl n’avait pas franchi le Rhin ? Ne peut-on faire l’hypothèse que beaucoup de ces victimes de la grippe soient en réalité des néo-lecteurs de Charlie Hebdo qui se sont précipités dans les kiosques acheter, pour la première fois, le journal satirique et qui ont été victimes d’un arrêt cardiaque devant la grossièreté de son contenu ?

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