La laideur du socialisme - 2ème partie
Poursuivons la lecture du livre de Philippe Nemo, Esthétique de la liberté.
« On est ce qu’on fait, et l’on fait ce qu’on peut faire avec ce qu’on a », écrit Philippe Nemo. Et quand « l’État se croit autorisé à transgresser en permanence les frontières des propriétés et à en disposer à son gré », les individus sont condamnés à ne pas pouvoir être ce qu’ils pouvaient être. Au fur et à mesure des spoliations, ils finissent par avoir à peu près tous la même chose, à faire la même chose et à être la même chose ».
« La personne humaine unique de l’humanisme disparaît au profit du clone ». En d’autres termes, explique Nemo, « la stérilisation des capacités créatives opérée par une fiscalité collectiviste n’affecte pas seulement les biens matériels […] ; ce qu’elle altère, c’est la personnalité même de l’homme, c’est-à-dire, au-delà de son corps matériel, tout ce qu’il fait avec son corps et son esprit, l’œuvre même de sa vie ».
En volant les individus de façon permanente par des impôts injustes, le socialisme les mutile. De même, en donnant quelque chose à quelqu’un sans contrepartie, le socialisme le mutile aussi, puisqu’il lui retranche une partie de son potentiel humain. « Dans les deux cas, la fiscalité et la redistribution socialisante opèrent une mutilation ontologique de l’être humain. Et de même qu’un homme à qui l’on a coupé la moitié de ses membres est physiquement laid, de même, des citoyens que l’on a dépossédés de la moitié de leur être moral sont moralement défigurés ».
Voilà donc, le socialisme rhabillé pour l’hiver. Mais ce n’est pas fini, puisque Philippe Nemo s’interroge ensuite sur le type d’homme qu’engendrent les social-démocraties.
Cet homme qui n’a plus de prise directe sur les décisions qui conditionnent sa vie, qui n’a plus conscience du prix et de la valeur des services fournis avec l’argent des autres, victime de l’abus de réglementations, dépendant des négociations collectives entre partenaires sociaux, est aliéné, « au sens même où Hegel et Marx employaient le mot ». Peut-être, s’interroge Nemo, n’en sommes-nous d’ailleurs « qu’au début de cette aliénation, car, grossi par l’augmentation incessante des prélèvements obligatoires, l’État-providence a désormais les moyens d’interférer de plus en plus dans la vie privée des gens ».
Philippe Nemo prend l’Éducation nationale comme exemple des méfaits du socialisme dit modéré, et plus exactement la carte scolaire. Vous connaissez cette disposition qui oblige les parents à inscrire leur enfant dans l’école à laquelle leur domicile est rattaché. Quand les parents apprennent que l’établissement dans lequel doit être scolarisé leur enfant n’a pas le niveau correspondant à leurs attentes ou que les violences et rackets y sont monnaie courante, ils essaient d’échapper à la situation. Certains déménagent dans un quartier où l’école a meilleure réputation, d’autres louent ou achètent un appartement sans y habiter leur permettant de bénéficier d’une autre adresse. D’autres encore font étudier une langue rare à leur rejeton qui va entraîner une inscription dans un autre établissement.
Permettez moi de vous parler de la charmante ville de Montmorency dans le Val d’Oise. Celle-ci compte quatre écoles et donc quatre secteurs scolaires. Les écoles ont plus au moins bonne réputation. Quand vous avez la malchance d’habiter un « mauvais secteur », vous pouvez demander une dérogation, difficile à obtenir si vous n’avez pas de relations à la mairie, et leur nombre est de toute façon limité. Il existe pourtant une solution : une personne résidant dans un « bon » secteur propose, moyennant finances, de louer son adresse. Vous rirez quand vous saurez que cette personne est l’ancienne directrice de l’école. Eh oui, une ex-enseignante qui, à n’en pas douter, était, lorsqu’elle exerçait encore, une farouche partisane du maintien de la carte scolaire. Car, comme le disent les syndicats enseignants, seule la « sectorisation » permet la mixité, condition même de la réussite des enfants…
Tout cela fait que les enfants concernés sont ainsi élevés dans l’immoralité. Lisons Philippe Nemo : « Ayant usé de mensonge, leurs parents sont obligés de leur demander [aux enfants] de mentir à leur tour pour que la supercherie ne soit pas démasquée. Quand le personnel de l’école interrogera l’élève sur son lieu d’habitation, il devra donner la fausse adresse et non la vraie. […] En d’autres termes, les parents demandent à leur progéniture d’être complice de leur faute et de préférer délibérément un intérêt (que, bien entendu, l’enfant ne peut pas correctement évaluer) à un idéal. C’est là un viol caractérisé de leur conscience. […] On tue ainsi en eux la fibre idéale au moment même où elle est en train de se tisser. On crée les conditions de leur enlaidissement moral, c’est-à-dire de leur transformation en hommes sans principes qui seront prêts à s’agglutiner au troupeau anomique qu’affectionnent tous les pouvoirs totalitaires ».
J’ai retenu de mes professeurs de philosophie qu’il fallait toujours, pour bien appréhender une question, faire un détour par l’étymologie et par les langues étrangères.
Le socialisme, c’est la gauche. Penchons-nous donc sur ce mot. Son étymologie est mal établie semble-t-il. Quoi qu’il en soit, l’adjectif « gauche » signifie, dès 1225, « mal tourné, mal fait, de travers ». Aujourd’hui encore, parlant d’un objet, gauche veut dire « qui est dévié, de travers par rapport à une ligne ou à un plan de référence » (un morceau de bois gauche), ou encore « mauvais » ou « inconfortable » (posture gauche). Pour une personne, gauche signifie « qui est lourd, dépourvu de grâce », ou bien « qui est maladroit, mal assuré, emprunté ». Bref, la personne gauche n’est pas adroite, c’est-à-dire qu’elle manque d’adresse. L’adresse, c’est aussi le doigté, la finesse, la beauté du geste. Donc, la gauche, c’est la laideur.
Le mot « gauche » est aussi l’opposé de « droit ». Nous avons un bras gauche et un droit. Nous tournons, dans la rue, à gauche ou à droite. L’ancien français utilisait « destre » pour droite, qui a donné « dextre » de nos jours ; tandis que gauche se disait « senestre », mots toujours utilisés en héraldique notamment. L’italien a gardé « sinistra » pour dire la gauche. La racine est latine : « sinister » signifiait « gauche », mais aussi « malheureux, fâcheux, perfide, funeste ». C’est de là que vient notre « sinistre ». Est sinistre ce « qui apporte la mort », ce qui est « lugubre, ténébreux, désespéré », « qui fait peur », qui est « triste et désolé », qui est « méchant, pernicieux », « dangereux, odieux ».
Oui, c’est tout cela le socialisme.