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Moralité socialiste : un oxymore ?

Aquilino Morelle, lorsqu’il était en poste à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), aurait travaillé pour des laboratoires pharmaceutiques. Cela en totale infraction avec les règles déontologiques. Le même Morelle s’était exprimé, dans la revue Esprit, sur les conflits d’intérêts qui « n’ont pas été traités avec assez de rigueur ». Il souhaitait « des sanctions en cas de non-déclaration » et « un changement profond des mentalités » afin d’éviter de nouvelles affaires comme celle du Mediator.

Cambadélis et l'école privée

Morelle a donc mis ses pas dans ceux de Jérôme Cahuzac. En effet, celui qui a tout fait pour soustraire de l’argent au fisc, était en train de concocter un grand plan de lutte contre la fraude fiscale lorsqu’il était ministre du budget.

Que des personnes occupant les plus hautes fonctions de l’État, des conseillers du Président de la République, des ministres chargés d’élaborer la législation puissent ne pas respecter la loi est déjà hautement condamnable.

Mais il y a pire à mes yeux. C’est l’absence totale de moralité alors que l’on se pose comme un parangon de vertu. Si Jérôme Cahuzac avait été un militant acharné des « paradis fiscaux », si Aquilino Morelle avait plaidé pour que les fonctionnaires puissent travailler en parallèle pour des firmes pharmaceutiques, nous aurions pu les comprendre, à défaut de les excuser.

Comme la plupart des socialistes, ils ont toujours à la bouche des mots comme morale, justice, exemplarité. Ils n’arrêtent pas de donner des leçons aux autres, se considérant au-dessus de la mêlée. Mais n’ont de cesse de faire le contraire de ce qu’ils préconisent.

Autre exemple : celui de Jean-Christophe Cambadélis, le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste.

Il ne s’agit pas de revenir sur ses condamnations, en 2000, pour recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire Agos ; et en 2006, pour recel d’abus de confiance dans l’affaire de la Mnef. Ce que je reproche à Monsieur Cambadélis ne lui vaudra pas de comparaître devant un tribunal. C’est même son droit le plus strict. Le problème a trait au fait que certains de ses actes sont en opposition avec ses dires.

Je me suis attaché à ce que dit et pense le député, sur son blog, à propos de l’école. Comme on s’en doute, il prend fait et cause pour ce qu’il appelle « l’école de la République ».

Ainsi, le 29 janvier 2010, déclare-t-il :

« Parce que je soutiens l’école de la République, j’appelle à la manifestation lancée par plusieurs syndicats, associations d’enseignants et de parents d’élèves, le Parti Socialiste qui se tiendra demain, samedi 30 janvier 2010 de la Place de Denfert-Rochereau à Paris. »

Le 2 juillet 2010, il insiste :

« […] l’école de la République est, à mon sens, le lieu fondamental de processus de socialisation, d’apprentissage des savoirs, mais aussi un espace de construction personnel et professionnel pour chacun des élèves […] »

Et, un peu plus loin dans le texte, il affirme :

« Mon attachement à l’école de la République, publique, laïque est sincère et réel […] »

Voilà qui est clair. D’ailleurs, chaque année, il adresse au minimum deux « lettres à l’ensemble de la communauté éducative », l’une en septembre pour lui souhaiter une bonne rentrée, l’autre en juillet pour la remercier du travail accompli durant l’année et lui souhaiter de bonnes vacances.

Bien entendu, le sieur Cambadélis soutien la réforme des rythmes scolaires inventée par Vincent Peillon. Le 3 septembre 2013, il écrivait :

« Enfin, comme vous le savez, la Ville de Paris a décidé d’appliquer dès cette rentrée la réforme des rythmes scolaires et périscolaires afin de permettre aux enfants de bénéficier d’une organisation de leur temps plus favorable à leurs apprentissages fondamentaux mais également à leur bien-être et à leur éveil, ce dont je me félicite.

Afin de procéder à un encadrement de qualité, la Ville de Paris a respecté ses engagements de recrutement. Le renforcement de la filière animation et la reconnaissance du métier des auxiliaires de vie scolaire illustrent là encore la volonté de la Ville de Paris d’offrir un projet éducatif de qualité aux parisiens.

Je ne doute pas que la mise en œuvre de cette réforme sera un succès. »

Tout cela est bien beau et doit permettre d’attirer à lui le vote des enseignants. Mais les actes de Monsieur Cambadélis sont-ils en accord avec ce qu’il exprime publiquement ? Scolarise-t-il ses enfants à l’école publique ? Ou au contraire ceux-ci fréquentent-ils un établissement privé catholique, le même que ma fille ?

Je ne répondrai pas à ces questions, je vous laisse deviner la réponse.

Si tout cela vous désespère, je vous conseille la biographie de Jean-Christophe Cambadélis, toujours sur son blog. Il y évoque son enfance à la troisième personne du singulier :

« Jean-Christophe Cambadélis est né le 14 août 1951 à Neuilly sur Seine. Son père diamantaire d’origine grecque et sa mère picarde employée à la Banque de France sont rapidement partis chercher fortune au Canada. Le jeune Jean-Christophe tombera là-bas du 3ème étage de son immeuble et se relèvera sans une égratignure, obtenant au passage son premier papier dans la presse et sa première interview.

De retour en France avec sa sœur et sa mère, séparée de son mari. Il retrouve l’école à Bondy où on lui attache la main gauche dans le dos pour qu’il écrive avec sa main droite. Ce « gaucher contrarié » en gardera une profonde dyslexie qui l’handicapera longtemps. Mais la vocation était là, il sera à gauche. »

Avouez que cela mérite d’être lu dans les moments de grande déprime, c’est-à-dire dès maintenant.

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