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De l’idolâtrie à l’islamo-gauchisme ou la conversion de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), a pris l’habitude ces dernières années de défiler en compagnie des islamistes. Ce fût, par exemple, le cas le 10 novembre 2019 lorsqu’il se trouvait aux côtés de Marwan Muhammad, ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), un proche de Tarik Ramadan et des Frères musulmans, pour emmener des manifestants scander « Allahu akbar » à deux pas du Bataclan.

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), a pris l’habitude ces dernières années de défiler en compagnie des islamistes. Ce fût, par exemple, le cas le 10 novembre 2019 lorsqu’il se trouvait aux côtés de Marwan Muhammad, ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), un proche de Tarik Ramadan et des Frères musulmans, pour emmener des manifestants scander « Allahu akbar » à deux pas du Bataclan.


Le nouveau prolétariat

En novembre de l’année suivante, il affirmait sur BFM TV qu’il existait en France « une haine des musulmans déguisée en laïcité ». Mélenchon n’a pas peur non plus de comparer la façon dont on traiterait les musulmans en France à celle qui prévalait sous l’Occupation à l’égard des juifs.


Début décembre 2020, le député LFI s’en prenait au projet de loi confortant le respect des principes de la République (ex-projet de loi visant à lutter contre l’islam radical et les séparatismes) qui, selon lui, recèle des « intentions de stigmatisation à l'égard des musulmans ». Il en profitait pour dire qu’il souhaitait l’abrogation du concordat en Alsace-Moselle.


Bref, alors qu’il appartient à un courant politique qui considère que la religion est l’opium du peuple, Jean-Luc Mélenchon semble s’être « converti » à l’islam, et même à l’islamisme, sa version terroriste.


D’aucuns y voit là un simple calcul politique, Mélenchon et les siens étant élus dans des circonscriptions comportant une grande part de musulmans. D’autres y voient un mouvement plus profond qui se nourrit de la grande déception du gauchisme, celle de voir le prolétariat le délaisser pour d’autres mouvances politiques et empêcher ainsi la révolution toujours espérée[1]. C’est pourquoi, ils se tournent vers les migrants et autres sans-papiers musulmans pour reconstituer le prolétariat perdu et faire de l’islam « la religion des opprimés ». D’autant plus qu’ils considèrent l’islamisme, nous dit Tavoillot, comme une « réaction de défense (légitime) face à un impérialisme occidental néocolonial et hypocrite qui prétend imposer son ‘idéologie des droits de l’homme’ dans le monde entier ».


Loin de nous l’idée de remettre en cause ces interprétations. Nous voudrions plutôt les compléter en soutenant qu’une des raisons pour lesquelles Mélenchon se tourne vers la religion musulmane est qu’il a été contraint d’abandonner ses anciennes idoles.


Les idoles latino-américaines

Quand nous évoquons les idoles de Mélenchon, nous voulons bien évidemment parler des révolutionnaires latino-américains devant lesquels il est tombé à genoux ces dernières années.


Dans son livre d’entretien avec Marc Endeweld[2], le député de Marseille, affirme ne pas avoir de modèle. Mais il confesse aussi combien il a été séduit par le Brésilien Lula qui est venu lui rendre visite en son ministère délégué à l'Enseignement professionnel. Mélenchon se souvient, la larme à l’œil, qu’ils tourneront alors des images qui serviront à Lula dans sa campagne victorieuse de 2002. Pour lui, « la constitution du Parti des travailleurs [de Lula] est une idée politique extrêmement neuve » qui a « retenti très fort de ce côté-ci de l’Atlantique, dans les milieux de l’autre gauche » et qui a inspiré Die Linke en Allemagne et Syrisa en Grèce.


Jean-Luc Mélenchon avoue également, avec une certaine honte, avoir raté le Venezuela : « J’ai peine à le raconter, parce que ce n’est pas très glorieux, mais j’ai découvert la situation vénézuélienne en regardant un documentaire […] sur le coup d’État raté à l’encontre d’Hugo Chavez en 2002, il était devenu président du Venezuela quatre ans plus tôt. Bien sûr, j’avais entendu parler de loin de ce qui se passait là-bas. Mais, à l’origine, ce pays n’était pas dans mes sphères d’intérêt. Je regardais plutôt le Brésil, le Chili, l’Argentine, ou l’Uruguay avec le Frente Amplio, autre coalition de tous les partis de gauche. A partir de cette découverte, je vais m’investir avec passion dans l’étude de l’expérience vénézuélienne ».


Car pour lui, « l’onde de choc du Venezuela est beaucoup plus puissante que celle du Brésil ». Pour Mélenchon, il faut prendre la mesure de la force de la révolution chaviste : « D’un coup, se présente une lutte qui propose une ligne stratégique complète contre les politiques d’ajustement structurels, et contre l’oligarchie. Contre la caste des empires de presse et de l’aristocratie des possédants de toujours, Chavez mène un combat victorieux par les seules méthodes de la démocratie et des votes à répétition. A cette occasion, un nouvel acteur surgit sur la scène, ‘le peuple’, que Chavez interpelle abondamment dans ses discours ». Le leader de LFI est littéralement fasciné par « le processus révolutionnaire constitutionnel des chavistes ».


Comme il le dit dans le livre co-écrit avec Marc Endeweld, Mélenchon a traversé « plus de cinquante fois l’Atlantique » pour faire le tour de l’Amérique latine et « emprunter à chaque pays ». Le chapitre latino-américain n’a donc pas été, pour lui, « un chapitre exotique et lointain, mais un aller-retour permanent avec [ses] batailles politiques en France depuis trente ans ».


On ne s’étonnera alors pas que, lors de la campagne présidentielle de 2017, le candidat Mélenchon ait pu proposer, par exemple, d’adhérer à la banque de développement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) pour « bâtir une nouvelle alliance altermondialiste », et d’adhérer à l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) pour « instaurer une politique de codéveloppement avec l’Amérique latine et les Caraïbes »[3].


Une insoutenable nudité

Mais voilà, les idoles latino-américaines sont aujourd’hui nues.


Evo Morales, qui a dirigé la Bolivie de 2006 à 2019, a quitté le pouvoir auquel il s’accrochait coûte que coûte, lâché par l’armée tant la fraude électorale était manifeste. Sur le papier, son bilan est flatteur : une croissance annuelle moyenne de 5,2 % pendant ses années de pouvoir. Mais, il ne faut pas oublier la chance qui a accompagné Morales pendant toutes ces années et qui a pris la forme d’un boom des matières premières, au premier rang desquelles les hydrocarbures dont il a nationalisé les gisements dès 2006. Défenseur de la Terre-mère, la Pachamama, il a pourtant balafré le parc Isiboro-Secure d’une autoroute et réprimé très sévèrement les manifestations qui en ont résulté. Si le sort de la population s’est en tant soit peu amélioré, c’est surtout grâce à l’économie informelle et à la culture de la coca (qui a permis à Morales de s’enrichir). Celui qui parle de lui à la troisième personne du singulier a trouvé refuge en Argentine d’où il attise les tensions dans son pays. Il espère toujours revenir à la tête de la Bolivie où il compte encore de nombreux partisans, pas du tout échaudés par la corruption et la répression qui ont marquées les dernières années du régime.


Au Venezuela, le bilan est bien pire. Riche de son pétrole (les plus grandes réserves au monde), mais aussi de son gaz, de son or, de ses diamants, le pays est aujourd’hui pauvre de tout. Quand il arrive au pouvoir, Hugo Chavez s’appuie, comme Morales l’a fait après lui, sur la manne pétrolière et nationalise à tour de bras. Le secteur public enfle démesurément, les fonctionnaires pullulent, la redistribution est partout, les prix sont fixés arbitrairement par le gouvernement. Il se passe alors ce qu’il s’est toujours produit partout où ce régime a été adopté : baisse de la production, pénuries, inflation, dette en expansion, dévaluations, chômage, corruption, etc. Maduro, qui a succédé au Comandante à sa mort en 2013, a, même si cela semble difficilement possible, encore empiré la situation. Il faut dire qu’il n’a pas eu la chance de son prédécesseur : entre temps, le cours du pétrole a chuté. Mais poursuivant la politique de son mentor, renforçant même le clientélisme, Maduro ne peut que mener le pays à la récession, puis à la répression sur fond de contestation populaire et, enfin, à la dictature en refusant le verdict des urnes. Aujourd’hui, Nicolas Maduro se maintient au pouvoir coûte que coûte mais c’est le chaos qui règne véritablement sur le Venezuela.


Au Brésil, on sait comment a fini Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, président de 2003 à 2011. En prison pour corruption. Avant cela, le brésilien n’a pas vraiment réussi, contrairement à ce qu’il avait promis, à sortir ses concitoyens de la pauvreté. Son premier mandat avait pourtant bien commencé avec la réduction du déficit et de la dette de l’État et une situation économique qui, globalement, s’améliora. Il est vrai que Lula a tiré profit des réformes engagées par son prédécesseur Cardoso. Mais l’éclaircie fût de courte durée. Pour faire élire Dilma Rousseff, Lula, à la fin de son second mandat, fit fonctionner la planche à billets et accrut les dépenses publiques. Une fois au pouvoir, l’élève de Lula persista dans le laxisme : accroissement du déficit public, hausse des taux d’intérêt, baisse des investissements et de la consommation des ménages, inflation, contrôle des prix, réduction des marges des entreprises, augmentation du salaire minimum, nationalisations, protectionnisme, baisse de la qualité des services publics, etc. Et, comme nous l’avons déjà dit, corruption. Tout cela se termina par la destitution de Dilma Rousseff pour maquillage des comptes publics.


Nous pourrions encore évoquer l’Équateur, l’Uruguay, le Chili, l’Argentine redevenue péroniste… et bien sûr Cuba qui inspire tous les révolutionnaires latino-américains. Partout la même recette – l’emprise de l’État sur l’économie – et partout le même résultat – la faillite et la corruption.


Le recours à la religion

Les idoles de Jean-Luc Mélenchon sont toutes tombées de leur piédestal. Le député de Marseille s’est alors, presque naturellement, tourné vers la religion pour y trouver un peu de réconfort. Pas la chrétienne, bien sûr, assimilée à la bourgeoisie et au capital. Son antisionisme assumé et ressemblant fort à un antisémitisme l’empêche de choisir la juive, et, comme il le dit lui-même, de s’agenouiller « devant les ukases arrogants des communautaristes du Crif[4] ». Il ne restait donc que la religion musulmane, et singulièrement sa version « révolutionnaire », l’islamisme.


[1] Thèse notamment défendue par Pierre-Henri Tavoillot dans son interview par Eugénie Bastié, « L’entrisme de l’islamo-gauchisme à l’université est une réalité », Le Figaro, 20 novembre 2020. [2] Jean-Luc Mélenchon, « Le choix de l’insoumission. Entretien biographique avec Marc Endeweld », Seuil, 2016. [3] « L’Avenir en commun. Le programme de la France insoumise et son candidat Jean Luc Mélenchon », Seuil, 2016. [4] Crif : Conseil représentatif des institutions juives de France.

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