Le temps du continent, d’Abdelmalek Alaoui
Abdelmalek Alaoui est un homme influent. Du moins le suppose-t-on à la lecture de son curriculum vitae. Marocain, d’une famille proche du pouvoir chérifien, diplômé de Sciences Po Paris et de HEC, il a créé, en 2008, Global Intelligence Partners, une société de conseil en stratégie spécialisée en intelligence économique, rachetée en 2015 par le groupe Mazars. Pas question cependant pour Abdelmalek Alaoui de prendre sa retraite. Il fonde donc une nouvelle entreprise de conseil en communication d’influence, Guépard Consulting Group. Il est par ailleurs, CEO de La Tribune Afrique et du Huffpost Maroc.
Son livre – « Le temps du continent. Chroniques africaines 2016-2017 » – a reçu le 4 avril 2018, dans le cadre impressionnant du ministère français de l’économie et des finances, le prix Turgot – Forum Francophone des Affaires (FFA).
Une récompense qui ravit le Club de lecture Affaires, partenaire du FFA pour le Prix FFA Turgot, car les coéditeurs de l’ouvrage sont bien connus et appréciés de nous. (Descartes & Cie, et Cent Mille Milliards). Nous avons, en effet, par le passé, mis en valeur plusieurs de leurs ouvrages et nous les remercions pour leur disponibilité sans faille.
Mais venons-en au livre d’Abdelmalek Alaoui. Il reprend les chroniques – quarante-deux pour être précis – publiés dans La Tribune Afrique entre octobre 2016 et août 2017. Il n’est pas aisé de résumer un tel ouvrage : l’auteur y traite de quantité de sujets, allant de la piraterie maritime aux matières premières, en passant par les GAFA ou le sport.
Cependant, deux mots pourraient résumer les 177 pages de l’ouvrage : lucidité et espoir. Lucidité d’abord, car le chroniqueur qu’est Abdelmalek Alaoui ne cache rien des difficultés que connaît le continent africain. Elles sont nombreuses : guerres, terrorisme, corruption, bureaucratie, analphabétisation, sous-développement, etc.
Cependant, le propos d’Abdelmalek Alaoui n’est jamais larmoyant, ni défaitiste. Bien au contraire, il croit en l’avenir du continent africain. Et le message qu’il délivre est plein d’espoir.
Par exemple, l’auteur affirme que l’Afrique est prête pour la quatrième révolution industrielle. Pourquoi donc ? Parce qu’elle « sait gérer deux paramètres clés : l’incertitude et la vélocité ».
En effet, nous explique Abdelmalek Alaoui, en matière de gestion de l’incertitude « le continent pourrait même prétendre à la première place sur le podium mondial. Voilà un continent qui a survécu aux guerres, aux irrédentismes, aux famines, aux dictatures, aux prédations économiques et aux différents programmes d’ajustement structurels tout en accélérant globalement sa croissance lors des vingt dernières années. L’Afrique, c’est aussi un continent où des centaines de millions de personnes trouvent chaque jour des moyens innovants pour optimiser leur très faible budget, organiser leurs déplacements et contourner les carences en infrastructures et les aléas qui en découlent. […] De manière globale, l’incertitude est gérée grâce à la formidable capacité d’adaptation d’Africains qui ont peu, mais savent s’en accommoder avec ingéniosité ».
Quant à la vélocité, Abdelmalek Alaoui souligne qu'il n'y a qu'en Afrique qu'on a pu constater « une telle capacité à embrasser le changement et notamment l’avènement du digital, avec le développement d’usages innovants tels que le mobile banking ou les interfaces d’économie collaborative qui ont permis l’émergence de nouveaux champions du sud […]. Plus véloces que les grandes multinationales du nord, mieux enracinées dans leurs marchés et dotées d’une compréhension plus fine des besoins de leurs consommateurs, [les entreprises africaines] imaginent chaque jour des solutions pragmatiques aux problèmes urgents du continent ».
A n’en pas douter, les chroniques rassemblées dans « Le temps du continent » donnent une autre image de l’Afrique, et nous incitent à suivre Abdelmalek Alaoui quand il veut faire des années 2020-2050 les « Trente Glorieuses » africaines.