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Vaincre le chômage

La présentation en Conseil des Ministres du projet de loi El Khomri, qui défrise les syndicats et une partie de la gauche, a été reportée de deux semaines. Il s’agit de reculer pour mieux sauter s’il l’on se fie aux déclarations officielles. Mais cette réforme n’est-elle pas trop ambitieuse ? Ne peut-on se contenter de quelques premières mesures ?

Le projet de loi El Khomri a pris quelques jours de vacances. Il ne s’agit pas d’un renoncement, ni d’une reculade. Non, le gouvernement veut prendre un temps de concertation avec les partenaires sociaux, et principalement les syndicats, pour mieux faire comprendre son projet et l’ajuster. Mais ce ne sera, nous dit-on, qu’un ajustement à la marge. Car, Manuel Valls, le premier ministre l’a affirmé, il ira jusqu’au bout.

En attendant, le texte a été rebaptisé. Exit donc le « projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs ». Et bienvenue à « l’avant-projet de loi sur les nouvelles protections pour les entreprises et les salariés ». On remarquera que les « libertés » ont déjà été sacrifiées et que les « actifs » sont devenus des « salariés ».

Laissons aux exégètes le soin de commenter ces subtiles modifications, dont les politiques français sont spécialistes. Laissons également de côté le contenu du projet de loi, qui risque fort de considérablement évoluer dans les semaines qui viennent.

Attachons-nous plutôt à la dernière publication de l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref) qui s’intitule « Vaincre le chômage ».

L’institut montre d’abord que le taux de chômage en France est sous-évalué. Car si l’on parle constamment d’environ 10 % de demandeurs d’emploi, on ne s’attache qu’aux chômeurs dits de catégorie A. Si l’on inclut toutes les catégories, le taux grimpe à 20 %. Et même à plus de 25 % si le nombre de demandeurs d’emploi est rapporté au nombre de personnes actives du secteur privé. C’est dire l’urgence de la question pour ceux qui en douterait encore.

Nos voisins européens ont un taux de chômage beaucoup moins élevé : 5,1 % au Royaume-Uni, 4,5 % en Allemagne. Comment s’explique cette différence ? Principalement par un marché du travail moins rigide qu’en France, par une durée d’indemnisation des chômeurs moins longue, et par un salaire minimum variable.

Tirant la leçon de ces expériences, l’Iref propose des mesures pour faire reculer le chômage en France. J’en retiendrais trois principales.

Tout d’abord, libérer les entreprises de moins de 11 salariés. Comme l’a fait l’Allemagne, il s’agit de donner aux petites entreprises la liberté totale d’embaucher et de licencier. Cette mesure a dynamisé l’embauche dans les PME qui, comme en France, sont les principales créatrices d’emplois. Il s’agit donc de les aider à l’être encore davantage.

Deuxièmement, instaurer plusieurs Smic dont un Smic jeunes. Les Pays-Bas qui ont instauré un « salaire minimum jeune » ont un des plus faibles taux de chômage des jeunes en Europe. Mais cette proposition risque fort de susciter un tollé et de faire descendre les jeunes dans la rue, manipulés par les organisations gauchistes. Une solution pourrait être alors de commencer par supprimer le salaire minimum au niveau national, et de laisser les partenaires sociaux négocier au niveau des branches et au niveau local. Le Smic « gagnerait en souplesse et en flexibilité ».

Troisièmement, mieux encadrer les chômeurs mais aussi… Pôle Emploi. Il s’agit, comme cela a été fait en Allemagne et au Royaume-Uni, de contractualiser les relations entre le service public de l’emploi et le chômeur. Cela permet, écrit l’Iref, de responsabiliser le chômeur, dont la démarche est encadrée, balisée par des objectifs précis. Mais, il faut aussi renforcer le recours à des opérateurs privés pour, en quelque sorte, « concurrencer » Pôle Emploi. Un Pôle Emploi qui pourrait, en parallèle, être dynamisé par une rémunération de ses agents en fonction des résultats de reclassement. Comme le sont aujourd’hui les opérateurs privés sous-traitants du service public.

Ces propositions ont l’avantage d’être simples et compréhensibles par tous. Elles ne nécessitent pas des pages et des pages de texte. Elles ne demandent pas des heures et des heures de discussion. Et elles ont fait la preuve de leur efficacité.

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