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Entrepreneur, quel drôle d’oiseau es-tu ?

Plusieurs espèces existent chez les entrepreneurs, « drôles d’oiseaux » qui ont fait beaucoup parler d’eux dernièrement. Nous avons les Pigeons, Moineaux, Poussins et autres Plumés. Tous se révoltent contre les mesures gouvernementales qui les empêchent de prendre leur envol. Avec le danger que tous mutent en un seul et même volatile : le Grand Pingouin.

Comme le Grand Pingouin, l'entrepreneur pourraît disparaître

Voilà que réapparaissent les Pigeons dans le ciel de l’actualité, attirés par l’examen du projet de budget au Parlement. Rappelons, pour ceux qui l’auraient oublié, que les Pigeons sont nés à l’automne 2012 à l’initiative d’entrepreneurs qui dénonçaient notamment la taxation accrue du capital.

Puis sont arrivés les Moineaux, jeunes entrepreneurs s’estimant mal représentés par les Pigeons. Pour les Moineaux, l’important n’est pas la taxation des plus-values à la revente de leur entreprise (perspective qu’ils estiment encore lointaine), mais les parcours administratifs du combattant, les charges et les taxes qui grèvent les budgets, un code du travail trop rigide, les recherches de financement déjà compliquées, le déséquilibre face aux grandes entreprises qui payent peu d'impôts.

Les Poussins, mouvement d’auto-entrepreneurs opposés à la loi Pinel limitant leurs activités, ont fait beaucoup de bruit en tentant de faire comprendre au gouvernement qu’ils peuvent devenir de grands coqs si l’on ne tue pas dans l’œuf leurs projets.

Les derniers nés semblent être les Plumés qui, eux, dénoncent la multiplication des contrôles Urssaf.

Il est probable que les Dindons apparaissent bientôt. Ils existent à l’initiative d’enseignants souhaitant participer à la refondation de l’école. Les cadres de la CFE-CGC se demandent s’il ne faudrait pas lancer un tel mouvement pour manifester contre la fiscalité grandissante sur les classes moyennes. Mais le plus probable est que ce soit les Pigeons qui se transforment en dindons de la farce, car les promesses faites lors des Assises de l’Entrepreneuriat ne se retrouvent guère dans le budget 2014.

Évoquons les Tondus, qui entendent lutter contre les charges patronales. Mais il ne s’agit manifestement pas là d’oiseaux, ou alors d’une espèce très rare de volatiles à poils.

D’habitude, c’est plutôt au Palais Bourbon que les noms d’oiseaux sont prononcés. Alors, que signifient exactement ces nuées d’animaux à plumes s’abattant sur la France ? Elles montrent que les entrepreneurs sont excédés par l’action des gouvernements, l’actuel ne faisant qu’aggraver une situation déjà passablement difficile.

À ce sujet, le deuxième baromètre « Entrepreneuriat » d’Ernst & Young met en avant la complexité et le poids toujours accrus de la fiscalité et de la réglementation en France comme de sérieux freins au développement des entreprises.

Pourtant, si l’on en croit Jean-Marc Ayrault dans une interview aux Echos, « les entreprises doivent se sentir entièrement soutenues ». Dans ce domaine, le gouvernement met en avant un grand nombre d’actions comme le pacte pour la compétitivité avec, notamment le CICE, la loi de sécurisation de l’emploi, les investissements d’avenir, le plan d’action pour le commerce, le crédit d’impôt innovation, l’installation du Conseil national éducation économie (CNEE), la future réforme de la formation professionnelle, les aides pour la rénovation thermique des logements, etc.

Manifestement, les Pigeons, Moineaux, Poussins, Plumés et autres dindons ne semblent pas d’accord.

Il est vrai qu’aujourd’hui en France, la tendance est plutôt à l’augmentation des charges sur les entreprises, au renforcement de la réglementation dans tous les domaines, à l’érection de barrières à l’entrée de certains secteurs…

Si les hommes de l’État continuent cette politique de la terre brûlée, le risque est grand que les entrepreneurs empêchés de décoler par les taxes et réglementations, ne deviennent vite que des Grands Pingouins. Vous savez, cet oiseau qui vivait sur le pourtour de l’Océan atlantique, et qui finit exterminé car il était chassé pour sa chair, ses œufs et son duvet.

Il est grand temps que nos dirigeants se mettent à lire Joseph Schumpeter, souvent cité pour définir l’entrepreneur. Pour l’économiste, « L’entrepreneur est un homme dont les horizons économiques sont vastes et dont l’énergie est suffisante pour bousculer la propension à la routine et réaliser des innovations ». Jean-Marc Daniel dans Le Monde rappelle que Schumpeter soutient que « l'économie obéit à un processus dynamique entretenu par quelques individus, les entrepreneurs, qui combinent esprit de décision et capacité à découvrir, dans la masse des innovations scientifiques, celles qui permettront l'augmentation de la productivité et celles qui satisferont une demande non encore révélée. La croissance économique résulte d'un mécanisme de création-destruction, où des entreprises obsolètes font faillite et cèdent la place à celles dont les fondateurs ont conçu des produits nouveaux correspondant à l'attente des consommateurs ».

L’entrepreneur est donc un innovateur : il découvre les applications concrètes que peuvent avoir une invention technique, il détecte de nouveaux besoins en termes de services, il optimise un circuit logistique, il développe de nouvelles façons de vendre, il repère un marché de niche, etc. Bref, il est persuadé d’avoir une idée qui va permettre de mieux satisfaire les besoins humains. Et il la met en œuvre pour le plus grand profit de la société tout entière et… le sien si les consommateurs acquiecsent à son idée.

L’entrepreneur est indispensable à la croissance. Sans entrepreneurs et sans nouvelles entreprises, l’on doit se contenter des entreprises existantes dans lesquelles, toujours selon Schumpeter, l’innovation est faible. La croissance sera donc lente.

Les entrepreneurs ne demandent pas d’aides, ni des dispositifs compliqués de crédit d’impôt, ni des subventions, ni des plans d’actions, ni des lois… Non, ce qu’ils souhaitent, c’est qu’on les laisse faire leur travail avec un minimum de contraintes. Ils ont besoin de liberté pour faire ce que l’on attend d’eux.

A cette condition alors, ces « drôles d’oiseaux » que sont les entrepreneurs, plutôt que de se transformer tous en Grands Pingouins avant de disparaître, pourraient devenir des goélands qui, comme Jonathan, ont l’ambition d’aller toujours plus vite, plus haut, plus loin… dépasser leurs limites, améliorer leurs performances, parfaire leur geste, atteindre la perfection…

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