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Besoin de héros ?

L’Euro de football qui se déroule en France jusqu’au 10 juillet donne lieu à un déferlement d’images à la télévision. Sans doute les Français espèrent-ils y trouver un ou des héros. Franchement, est-ce raisonnable ?

N'est pas héros qui veut !

Nous avons tous besoin de héros. Ils sont nécessaires à notre construction. Ils accomplissent des actes extraordinaires. Ils font face au danger. Ils surmontent les obstacles. Ulysse est un héros. Saint-Georges terrassant le dragon en est un autre. On s’identifie à eux, on s’imagine à leur place. Ils nous font rêver. Et comme le dit Boris Cyrulnik, « une vie sans rêve est une agonie psychique ».

Le psychiatre, qui, enfant, admirait Tarzan et Oliver Twist, précise : « Ces héros me donnaient de la force et grâce à eux le savais où je rêvais d’aller ».

La fiction – littérature, cinéma ou maintenant jeux vidéos – sont là pour nous fournir les héros dont nous avons besoin. Tintin ou Superman, Luke Skywalker ou Bob Morane, le comte de Monte-Cristo ou Harry Potter ont ainsi accompagnés nombre d’enfants, d’adolescents et même d’adultes.

Cela dit, il n’est pas interdit de les trouver en chair et en os dans la vie quotidienne. Je pense, par exemple, aux retraités qui se sont portés volontaires pour nettoyer le site de Fukushima après la catastrophe. Je songe aussi à Malala Yousafsai qui combat l’obscurantisme des talibans et défend l’éducation des jeunes filles au Pakistan, et maintenant partout dans le monde.

L’écrivain François Taillandier confesse qu’il est bouleversé par l’histoire de Maximilien Kolbe, ce franciscain polonais qui s'est offert de mourir à la place d'un père de famille dans le camp de concentration d’Auschwitz.

Si l’on en croit les commentateurs sportifs, Dimitri Payet est le nouvel héros du moment. Tout cela parce qu’il a marqué deux buts au premier tour de l’Euro 2016. On verra dimanche, lors du match de 8ème de finale ce qu’il adviendra de cette gloire subite.

Vous avez compris, je crois, que je trouve tout cela un tantinet exagéré. Certes, le football est aujourd’hui l’opium du peuple. Certes, les Français ont besoin de victoires pour se remonter le moral. Mais enfin, faire la une du journal télévisé avec le but de Payet, puis réaliser des reportages à La Réunion pour aller à la rencontre de ses anciens camarades de jeu, de son entraîneur et de sa famille, est un manque total de discernement de la part des médias, télévisuels en particulier.

Il est vrai que la télévision est désormais l’aune à laquelle on mesure toute chose. Si vous passez à la télé ou si vous faites partie du sérail, alors vous comptez. C’est ainsi que Michel Galabru ou Jean-Pierre Coffe récemment disparus, pour ne prendre que deux exemples, ont été largement célébrés. Grand historien, académicien, Alain Decaux, mort le 27 mars, a eu droit à un hommage car il avait été homme de radio et de télévision.

En revanche, André Brahic décédé le 15 mai dernier, n’a eu droit qu’à quelques secondes à la fin du journal. Pourtant, astrophysicien français de renom, expert mondial du système solaire, et découvreur des anneaux de Neptune, il aurait mérité un hommage plus grand.

Quant à Jean-Claude Decaux, mort le 27 mai dernier, « inventeur » de l’Abribus et du Vélib, il n’a pas eu droit à tant d’égards. Sans parler de Roland Peugeot, à la tête de l’entreprise familiale d’automobiles de 1972 à 1998, décédé le 7 janvier.

Et pourtant, Roland Peugeot et Jean-Claude Decaux n’ont-ils pas apporté autant, sinon plus, à la société, que Michel Galabru et Dimitri Payet ?

Sans doute est-il exagéré de prétendre que les entrepreneurs sont les héros d’aujourd’hui. Quoique si l’on considère les embûches de toute sorte qu’ils trouvent sur leur chemin, on pourrait y songer…Mais il est certain que les célébrités ne le sont pas non plus.

Carlos Ghosn, tant décrié pour sa rémunération jugée « exorbitante », ne vaut-il pas Karim Bensema ? Et Thibaud Simphal, le directeur général d'Uber France, ne rend-il pas davantage de services que Nabila ?

Et l'on peut rêver, comme Charles Van Haecke, fondateur des Espoirs du Management, « qu'un jour parmi les cent personnalités préférées des Français figurent des chefs d'entreprise. Ce sont les personnages les plus importants de notre pays. ce sont eux qui ont des idées, prennent des risques et créent des emplois. Ils méritent un peu de reconnaissance ».

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