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Des entreprises où il fait bon vivre

Comme chaque année, Great Place To Work publie son palmarès des entreprises où il fait bon travailler. Les « gagnants » sont, une fois de plus, Davidson Consulting pour les entreprises de plus de 500 salariés, et Accuracy pour les moins de 500. Quelles leçons tirer de ce classement ?

Alors que l’actualité n’envoie guère de nouvelles réjouissantes – c’est le moins que l’on puisse dire –, la publication du palmarès 2016 de Great Place To Work apporte un rayon de soleil bien agréable.

En effet, l’entreprise n’est bien souvent mise en avant que pour ses côtés négatifs. Les médias parlent à l’envi des licenciements, du stress, du burn-out, du harcèlement… Certes, tout cela existe et loin de nous l’idée de le nier.

Mais il existe aussi des entreprises « où il fait bon travailler » comme le titre le supplément du Figaro Économie d’hier, mercredi 23 mars 2016. Le quotidien détaille le classement dans lequel 64 entreprises sont récompensées, et dont la majorité, il faut le reconnaître, est peu connue du grand public.

Que retenir de ce palmarès ? Tout d’abord que les initiatives et les politiques mises en place par ces entreprises sont nombreuses et variées. Cela va de l’actionnariat salarié aux démarches collaboratives, de la gestion individualisée des carrières à l’intégration des nouveaux embauchés, de la discussion mensuelle de la stratégie à la mise ne place d’un budget bien-être, de la grande place donnée à la formation à l’organisation de déjeuner inter-équipes, de la constitution d’équipes réduites à l’autonomie accrue des collaborateurs, etc. Chacun peut y trouver chaussure à son pied. En tout cas, il n’existe pas un modèle unique d’entreprise idéale, ni de solution miracle pour permettre l’épanouissement des salariés.

Ensuite que nombre d’entreprises citées ont des locaux organisés en open space. On pourrait donc être heureux au travail dans un « espace ouvert » ! Voilà qui risque de chagriner Alexandre des Isnards et Thomas Zuber, les auteurs du célèbre « L’Open space m’a tuer ». On se rend compte cependant que, la plupart du temps, les salariés ont eu leur mot à dire sur l’organisation de leur espace de travail. Surtout, cela révèle que la crispation que l’on constate parfois sur la question de l’open space est le symptôme d’un malaise, plutôt que le malaise lui-même.

Il est aussi particulièrement intéressant de se pencher sur les enquêtes réalisées auprès des salariés français d’une part, et des salariés des entreprises lauréates d’autre part. Les questions posées sont classées en quatre thèmes : crédibilité, fierté, équité et convivialité. Et les réponses réservent quelques surprises.

À l’affirmation « Je pense que l’encadrement ne licenciera un salarié qu’en dernier recours », 57 % des salariés français répondent par « oui ». C’est la seule des 14 propositions du thème crédibilité qui passe la barre des 50 %. Comme quoi l’entreprise cherchant à tout prix à réduire sa masse salariale n’est pas une vision qui fait l’unanimité. Ce qui est aussi à remarquer, c’est que cette affirmation est celle pour laquelle l’écart entre les salariés français et les salariés des lauréats du classement Great Place To Work (qui répondent « oui » à 75 %) est le moins important (18 points). En revanche, l’écart entre les deux populations atteint les 40 points (en faveur des entreprises lauréates, cela va sans dire) sur les affirmations suivantes : « La direction gère l’entreprise de façon honnête et en respectant les règles éthiques », « Il y a cohérence entre les discours et les actions de l’encadrement » ou encore « On accorde beaucoup de responsabilités aux salariés ».

Vous pourrez consulter vous-mêmes les résultats comparés de ces enquêtes. Il serait fastidieux de les énumérer ici. Signalons simplement qu’en matière d’équité, la plus grande différence entre les deux populations porte sur le partage des bénéfices, jugé équitable par 58 % salariés des entreprises du palmarès contre 19 % des salariés français.

Pour terminer, il est bon de lire attentivement le texte de Bertrand Bailly, cofondateur de Davidson Consulting, premier au palmarès des entreprises de plus de 500 salariés pour la troisième année consécutive. L’éditorialiste du Figaro affirme en Une que « l’épanouissement des salariés enrichit l’entreprise ». Vingt-deux pages plus loin, Bertrand Bailly écrit « […] en dix ans je n’ai malheureusement pas acquis la certitude qu’une action managériale décloisonnant la décision, respectueuse de l’individu, basée sur la confiance, favorisant l’influence et la recherche de résultats long terme, était plus efficace, financièrement parlant, que des postures axées sur la gouvernance, la mise sous pression, le contrôle, la manipulation et la recherche de résultats à court terme. Sinon pourquoi tant d’entreprises capitalistes camperaient-elles sur ce modèle pour satisfaire leurs actionnaires ? Car Davidson ne superforme pas. »

Alors, pourquoi engager une démarche favorisant le bien-être au travail ? Bertrand Bailly donne trois raisons. « Premièrement, pour la croissance ». Le classement Great Place To Work valorise sa marque employeur, meilleur moyen de recruter les meilleurs et de développer durablement l’entreprise. « Deuxièmement, pour se regarder dans la glace le matin ». Il a observé que le conseil, « où des hommes mettent des hommes au service d’autres hommes », est « managérialement sinistré » car on se protège à l’excès des rapports humains, souvent pesants, entraînant ainsi une déshumanisation. « Troisièmement, pour avoir du temps de cerveau disponible ». Les managers se trouvent, en effet, dégagés de la gestion des conflits et abcès divers, et se consacrent davantage à la vision, à la stratégie, à l’innovation.

De quoi méditer lors de ce long week-end pascal.

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