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Une spécialité bien française : l’antilibéralisme

Dans son dernier livre [1], Nicolas Lecaussin s’attaque à « l’obsession antilibérale française » et dénonce plusieurs coupables.

Comment peut-on être antilibéral ?

Tout d’abord, les politiques. Dans l’Assemblée nationale élue en 2012, 44 % des députés sont fonctionnaires. Ce chiffre monte à 66 % pour les députés socialistes. Inversement, les chefs d’entreprise sont moins de 5 %. Au Sénat, les proportions sont similaires. Nicolas Lecaussin ose quelques comparaisons avec le Royaume-Uni (9 % de fonctionnaires, 25 % de chefs d’entreprise), ou avec la Suède (33 % de fonctionnaires, mais pour la plupart contractuels, et 12 % de chefs d’entreprise).

Avec les politiques, nous trouvons la haute fonction publique dont ils sont issus, et dont ils peuplent les cabinets ministériels. Des hauts fonctionnaires passés le plus souvent par les moules de Sciences Po et de l’Ena où ils n’ont entendu, la plupart du temps, qu’un seul son de cloche. De toute façon, imbus d’eux-mêmes et certains d’être omniscients, ces hauts fonctionnaires n’acceptent pas d’entendre des points de vue qui pourraient remettre en cause leurs privilèges.

Mais, il n’y a pas que Sciences Po et l’Ena qui diffusent des idées à la gloire de l’État. C’est l’école en général, bien aidée par les manuels scolaires, qui donne de l’entreprise et de l’économie une image partielle et partiale. Nicolas Lecaussin en donne de nombreux exemples, tirés des manuels de science économique pour lycéens.

Autre coupable, les médias qui donnent le plus souvent possible la parole aux antilibéraux, qui parlent des entreprises quand elles licencient et rarement quand elles embauchent. Comme le dit Nicolas Lecaussin, « Au journal de 20 heures […] on préfère inviter Bernard Tapie ou Jérôme Cahuzac plutôt que Xavier Niel ou Charles Beigbeder ».

Quant aux « intellectuels », on le sait, ils ont été nombreux à avoir été séduits par le marxisme et ses avatars. Malgré la chute du mur de Berlin, un vieux fonds de marxisme se maintient en France. Ainsi, comme le dit Nicolas Lecaussin, « le 17 avril 2012, le quotidien L’Humanité a publié une tribune de soutien au candidat Mélenchon qui a rassemblé 1 000 signatures d’intellectuels ! ». L’on notera au passage que le nouveau patron du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, est un ancien trotskyste lambertiste.

Intellectuels, journalistes, politiques, enseignants et, plus largement, fonctionnaires sont donc ligués pour convaincre chaque jour les Français de « l’horreur du libéralisme ». Nicolas Lecaussin en donne là encore de nombreux exemples.

On se souvient que la gauche fustigeait à s’en époumoner la politique « ultralibérale » de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, le gouvernement socialiste est, à son tour, accusé des mêmes turpitudes. Par une partie de ses propres députés, mais aussi par Marine Le Pen, présidente du Front national : « Arnaud Montebourg ne sait plus comment s’y prendre pour faire croire qu’il se démarque de la politique européiste et ultralibérale de son gouvernement » (communiqué de presse du 24/06/2013).

Pendant ce temps là, l’opposition UMP se défend de tout libéralisme. « Libéralisme, je n’aime pas trop le terme » dit Jean-François Copé au micro de RTL le 1er juillet 2013. Même un député comme Hervé Mariton, très en pointe dans la lutte contre les déficits publics, affirme qu’il ne « s’agit pas de copier Cameron et la Big Society. Nous ne sommes pas des zélotes ultralibéraux » (dans Les Echos du 14 février 2014).

Bref, tout le monde accuse tout le monde d’« ultralibéralisme », insulte presque aussi grave que fasciste ou raciste.

Et pendant ce temps là, la sphère et la dépense publiques progressent. Et de libéralisme point. Il s’agit bien là d’un paradoxe. Un parmi d’autres, mais bien plus néfaste que le célèbre « french paradox » énoncé par les diététiciens.

N’y a-t-il pour autant plus d’espoir ? Un récent sondage BVA pour i-Télé nous apprend que 73 % des Français approuvent la réduction du nombre de fonctionnaires, 59 % la baisse des dépenses maladie et 51 % le gel des prestations sociales.

S’agit-il, comme l’affirme Jean-Francis Pécresse dans Les Echos, davantage d’une « résignation libérale » que d’une « conversion » ?

Je pense que les idées de liberté progressent car les faits sont têtus. Les think tanks libéraux se font de plus en plus entendre, en particulier grâce à l’Internet. À ce propos, Nicolas Lecaussin constate que « la France manque de vrais think tanks libéraux, dotés de gros moyens à l’américaine ».

Nombre de think tanks ont été fondés par des entrepreneurs ayant réussi (Antony Fischer et l’Institute of Economic Affairs au Royaume-Uni), des héritiers fortunés (Charles G. Koch et Cato Institute aux États-Unis), voire des organisations patronales (Timbro en Suède).

Rien de cela en France. Patrons et patronat préfèrent la recherche de rentes. Un autre paradoxe français ?

[1] : Nicolas Lecaussin, L’obsession antilibérale française. Ses causes et ses conséquences, Editions Libréchange, Collection « Habeas Corpus », 2014, 225 pages, 18 €

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