Mais où va l’argent ?
Où va l’argent ? Le nôtre bien sûr, celui que l’administration des impôts nous a prélevé par les innombrables et ténébreux canaux qui sont les siens ? La question peut sembler saugrenue, mais nous sommes en droit de nous la poser. Je dirai même qu’il s’agit d’un devoir impérieux.

D’un côté, nous avons tous constaté l’augmentation sans précédent des prélèvements depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée. Une augmentation qui fait suite à celle de ses prédécesseurs depuis des décennies, et qui s’ajoute à celle des collectivités territoriales – communes, communautés de communes ou agglomérations, départements, régions – et des organismes dit « sociaux » - Sécurité sociale, organismes de retraite complémentaire, etc. À tous les niveaux, les impôts, taxes, cotisations croissent. Et il semble impossible d’arrêter leur ascension.
De l’autre côté, les déficits se creusent et les dettes gonflent car les dépenses ne baissent pas. Les chiffres ne sont pas encore définitifs, mais l’on parle de 26 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires en 2013, et d’une augmentation de la dette de 83 milliards d’euros. Une dette qui est en passe d’atteindre les 100 % du produit intérieur brut (PIB).
Malgré tout, certains, à l’instar de Dominique Jamet, estiment que « nombre de services publics semblent être à l’os » et se demandent si François Hollande « peut encore réduire les dépenses ».
Les services publics sont-ils à l’os ? De nombreux exemples semblent le confirmer.
C’est ainsi que l’on a entendu dernièrement un officier strasbourgeois se plaindre du manque de casques lourds dans son unité, ou encore ces soldats contraints d’acheter eux-mêmes leur papier-toilette. Sans parler des troupes qui sont transportées au Mali ou en Centrafrique par l’armée américaine car l’armée française ne dispose pas d’avions pour le faire.
Dans le Nord, 30 % du parc automobile du commissariat de Roubaix et 40 % de celui de Tourcoing sont immobilisés, en attente de réparation.
La justice n’est guère mieux lotie. Derrière l’idéologie victimaire de Christiane Taubira, il y a aussi le manque de moyens : près de 100 000 peines de prison ne sont pas exécutées, en partie parce qu’il manque des places dans les prisons.
Un maire de Vendée racontait avoir acheté un radar de contrôle routier aux gendarmes de sa commune, car ils n’avaient pas de crédits pour cela.
Enfin, c’est une inspectrice du travail qui me demandait de lui envoyer un courrier par La Poste, et surtout pas par email car elle n’avait pas de papier pour imprimer.
À première vue donc, les services publics sont à l’os. Mais alors, comment les dépenses continuent-elles d’augmenter et les déficits de se creuser ? Où va l’argent ?
En cherchant bien, nous devrions bien encore trouver des dépenses à réduire ou à supprimer. Nous pourrions parler du train de vie des élus qui n’est que peu concerné par l’austérité, ou des dépenses de prestige et d'image des collectivités locales rarement à la baisse.
Mais il est probable que cela ne permettrait pas de faire beaucoup d’économies. Voilà pourquoi certains se demandent s’il est encore possible de réduire les dépenses.
On le peut, à condition de s’attaquer aux deux plus gros postes, qui représentent 70 % de la dépense publique : la masse salariale et les prestations sociales.
Rendez-vous compte que les prestations sociales sont passées de 32 % du PIB en 1960 à 46 % en 2011, soit une augmentation de près de 906 milliards en euros courants. Ou encore qu’entre 1981 et 1986, sous François Mitterrand, 330 000 fonctionnaires ont été embauchés (si l’on prend une moyenne basse de 2 000 euros par mois, cela représente au bout de 60 ans – les fonctionnaires d’État continuent d’être payés pendant leur retraite – plus de 475 milliards d’euros !).
Nous ne pouvons entrer ici dans le détail des mesures à prendre. Beaucoup de propositions existent déjà. Il est urgent de les mettre sur la place publique et dire la vérité aux Français. Certes, cela sera douloureux et fera de nombreux mécontents.
Mais aujourd’hui, l’État et ses satellites ne sont qu’un immense tunnelier qu’on ne peut plus arrêter. Il creuse, creuse encore, creuse toujours.
Il n’y a que deux façons pour ce tunnelier fou de terminer sa course : rejoindre le noyau terrestre dont la température atteint les 6 000 ° C, s’enflammer et disparaître en explosant ; ou bien continuer à creuser pour percer la planète, disparaître dans le vide sidéral et nous entraîner à sa suite.
À moins que quelqu’un en prenne vraiment les commandes et inverse la progression de la machine.